Qu'est-ce que la Vuelta Abajo pour le cigare ?

Qu'est-ce que la Vuelta Abajo pour le cigare ?

N'est pas havane qui veut ! Un cigare ne mérite cette dénomination que s'il est roulé à la main dans les prestigieuses manufactures de La Havane à partir de tabacs issus des régions de la Vuelta Abajo et de Partidos. Le terroir de la Vuelta Abajo fournit tous les types de feuilles nécessaires à son élaboration. La région tabacole de Partidos, quant à elle, s'est spécialisée dans la culture des feuilles de capes.

Situation géographique

Les 40 000 hectares de la Vuelta Abajo s'étendent autour de Pinar del Rio, ville de 120 000 habitants, située à près de 200 kilomètres à l'ouest de la capitale. La "Pinède du fleuve" est le chef-lieu de la province du même nom, la plus occidentale du pays. Elle tire son nom des importantes forêts de pins qui l'environne et du fleuve Guama qui la borde. La Vuelta Abajo est divisé en 7 districts qui sont : El Llano, Lomas, Remates, Guane, Mantua, Costa Sur et Costa Norte. Les meilleures plantations de tabac ou vegas finas sont situées dans le district El Llano, plus précisément, sur les communes de San Luis (22 km de Pinar del Rio) et de sa voisine San Juan y Martinez. Les vegas présentes sur ces deux communes totalisent 40 % de la production totale des capes cubaines. Le terroir de Partidos est localisé à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de La Havane et appartient à la province de la capitale.

Un terroir idéal pour la culture des meilleurs tabacs

A considérer le climat favorable de Cuba et ses sols épais, il vient à l'esprit une question simple : pour qu'elles raisons le tabac employé dans les grands cigares est exclusivement originaire de la Vuelta Abajo alors que d'autres terroirs de l'île sont aussi favorables à sa culture ? Les sols jouent un rôle important dans la culture du tabac. Ils doivent constituer une bonne réserve en eau pour satisfaire les besoins élevés de la plante et avoir les qualités requises en sels minéraux pour donner de l'arôme, du goût et une bonne combustibilité. Bien entendu, ils doivent être également fertiles pour réaliser des rendements satisfaisants. Aussi évident que cela paraisse, toutes ces composantes sont difficiles à réunir. Les sols argileux présentent de bonnes dispositions puisqu'ils assurent une bonne réserve hydrique, mais ils donnent des tabacs grossiers et forts. Les terres calcaires développent les qualités aromatiques, cependant, à cause du calcium, les tabacs brûlent moins bien. Il s'avère que les meilleurs sols sont de texture limono-argileuse ou sablo-argileuse, et évidemment, les terres de la Vuelta Abajo appartiennent aux premiers d'entre-eux. Les zones cultivées occupent la plaine côtière méridionale s'étendant au pied de la sierra de Los Organos. Les sols, constitués d'argile rouge limoneuse en surface, sont très fertiles. Ils se sont formés au cours de l'ère quaternaire à partir des débris arrachés par l'érosion aux reliefs calcaires environnants, que de nombreux cours d'eau ont ensuite recouvert d'une couche de limons. Néanmoins, un bon tabac dépend également d'autres paramètres physiques comme le climat, la topographie, l'exposition, qui sont réunis de façon optimale dans la Vuelta Abajo. Le climat tropical humide actuel, avec ses hivers très doux (moyenne de janvier de 22 °C à La Havane), et ses étés très chauds (moyenne de 27 °C en août à La Havane), est idéal pour la culture du tabac dont l'optimum se situe entre 20 °C et 27 °C. D'autres paramètres tels une humidité du sol suffisante mais sans excès, une hygrométrie de l'air supérieure à 70 %, ainsi qu'une bonne insolation sont nécessaires pour obtenir des feuilles d'excellente qualité. Ces conditions climatiques sont assurées à Cuba tout au long de l'année par la grande quantité de précipitations mensuelles pendant la saison humide (mai à octobre) et par plusieurs mois de saison moins pluvieuse correspondant aux mois les plus frais (octobre à mai). Bien qu'inégales dans leur répartition les précipitations annuelles dépassent généralement 1 000 mm dans la plaine de Vuelta Abajo. Un tel bilan pluviométrique conjugué à des températures élevées donnent une humidité relative de l'air très élevée, de l'ordre de 77 % pendant la saison "sèche", et de 82 % pendant la saison pluvieuse. Ces taux sont particulièrement favorables car un air trop sec aurait pour conséquence un développement excessif des nervures des feuilles dû à un surcroît de transpiration de la plante. Cependant, l'île n'est pas à l'abri des calamités naturelles comme les sécheresses, les tornades ou les cyclones. Ainsi, en mars 1993, la Vuelta Abajo fut victime du passage d'un cyclone qui entraîna la destruction de milliers de plants de tabac. En dépit de ces conditions naturelles uniformes, des nuances agronomiques locales existent à l'intérieur de la Vuelta Abajo définissant différents crus ou vegas, à l'origine de feuilles aux arômes différents. On y distingue même 51 "grands crus" ou vegas finas, qui sont situés entre San Luis et San Juan y Martinez. Les vitoles cubaines les plus prestigieuses sont élaborés à partir de feuilles sélectionnées dans ces terroirs exceptionnels. Après s'être attardé sur les dons naturels de la Vuelta Abajo, il convient de préciser que la Nature, aussi généreuse soit-elle, ne produit rien de remarquable sans la science et le travail acharné des hommes.

Une culture bien organisée

Les planteurs de tabac cubains se sont installés dans la Vuelta Abajo, alors isolée, à partir de 1724, pour échapper à la répression coloniale consécutive à leurs révoltes. Les flibustiers français et anglais achètent leur production à bon prix au détriment de la Couronne espagnole afin d'approvisionner l'Europe en tabac à priser. Mais, c'est l'essor de la consommation de tabac à fumer dans les classes aisées, usage pour lequel le tabac aromatique de la Vuelta Abajo convenait tout à fait, qui va déterminer la vocation tabacole de la région. L'installation de fabriques de cigares à La Havane à partir de la fin du XVIIIe siècle, va contribuer au développement du savoir-faire des cultivateurs de l'île par les critères de qualité qu'elles leur imposeront. Celui-ci servira, par la suite, de référence aux fabricants de cigares des pays voisins qui voudront faire produire aux cultivateurs locaux un tabac aux caractéristiques proches de celui de la Vuelta Abajo. Les labours débutent en avril-mai pour les vegas, et au plus chaud de l'été cubain, en juillet-août pour les pépinières. D'ordinaire, ils sont réalisés à l'aide d'une charrue rudimentaire tractée par une paire de boeufs. Un tel attelage peut paraître archaïque pour un habitant d'un pays riche, car il nous projete dans nos campagnes du XIXe siècle-début XXe siècle. S'il est juste qu'à Cuba le carburant manque pour utiliser les tracteurs, il faut convenir que le tabac est une culture délicate, sensible au tassement du sol qui asphyxie les racines. Il faut également considérer le fait, qu'à Cuba, plus de 90 % des exploitations tabacoles sont entre les mains de petits propriétaires privés qui n'ont pas toujours les moyens financiers d'acheter des machines agricoles. Le travail de la terre accompli, le cycle cultural du tabac débute mi-septembre avec le semis des minuscules graines dans des parcelles réservées : les semilleros ou pépinières. Deux variétés de tabac sont semées : le Corojo et le Criollo. Les feuilles du Corojo serviront de cape au cigare, tandis que celles du Criollo formeront sa tripe et sa sous-cape. Une fois le choix de la variété effectué, les vegueros versent cinq grammes de graines dans un arrosoir rempli d'eau et mélangent le tout. Ils répandent la semence sur chaque parterre ou cantero. Cette opération effectuée, la terre est recouverte de paille pour protéger les précieuses graines de la violence des pluies et des rayons ardents du soleil. La germination intervient au bout d'une dizaine de jours, la couverture protectrice doit être progressivement retirée jusqu'à ce que les jeunes plants soient suffisamment résistants. Le travail est incessant. Les vegueros fertilisent, sarclent et dispensent les traitements. Quarante-cinq jours se sont écoulés depuis les semailles. Nous sommes près de la mi-novembre. Les jeunes plants ont six feuilles environ et mesurent quinze centimètres de haut. Le moment est venu pour eux de quitter la pépinière pour être repiqués dans les champs. Ils ont été délicatement arrachés, reliés en bottes de cent et ont été transporté en deux heures dans les plantations. Les boutures de Corojo ont rejoint les douze vegas finas qui lui sont réservées dans la Vuelta Abajo. Le repiquage s'effectue sur des terres préparées et fertilisées. Cette période demande beaucoup de vigilance de la part des planteurs car ils doivent remplacer sans délais les boutures mortes. Ces pertes sont sans conséquence puisque un excédent de 30 % des semis, par rapport aux besoins en tabac, a été initialement prévu. Jusque-là, les deux variétés de tabac, Corojo et Criollo ont été traitées de façon identique, mais 12 jours après le repiquage, les parcelles des vegas consacrées au Corojo vont être entièrement enveloppées de voiles de coton blanc, appelés tapados. La faible intensité lumineuse ainsi obtenue permet de maintenir la turgescence des feuilles par un meilleur bilan hydrique, et donc, un amincissement de ces dernières. Les feuilles ainsi produites, sont fines avec des nervures peu apparentes, parfaites pour caper les cigares. Accessoirement, les tapados protègent les plants du vent et des insectes parasites. Ils sont étendus, au moyen d'échasses, au-dessus de chaque parcelle sur des câbles tirés entre des piquets de bois, ainsi que dans le sens de la hauteur à leur limite pour former une sorte de serre. La vue d'ensemble de ces vegas noyées sous les voiles blancs d'où émerge quelques séchoirs de tabac en bois, est étonnant, et l'on se croirait un instant transporté dans une contrée polaire. Au début du mois de décembre, soit vingt-cinq jours après le repiquage, la tête des plants de Corojo est amarrée à l'aide d'une cordelette à un filin tendu à hauteur intermédiaire pour qu'ils poussent bien droit et haut. Au milieu du mois, les fleurs roses du tabac apparaissent à la cime des pieds. La phase de reproduction doit être entravée car la constitution des graines épuiserait la plante. Pour éviter cela, les vegueros suppriment le bouton floral ce qui permet aux feuilles de concentrer les éléments nutritifs vecteurs d'arômes, et d'homogénéiser leur taille. Cet écimage n'est pas définitif. La plante en réaction à cette ablation va développer des bourgeons secondaires qu'il faudra également éliminer. L'ébourgeonnement se fait manuellement car les traitements chimiques modifient les qualités du tabac. Bien entendu, depuis leur transplantation, les plants ont été régulièrement arrosés, fertilisés et traités.

La récolte intervient au moment où le vert profond des feuilles passe au vert tendre. On est alors approximativement, à la mi-janvier. Les feuilles sont cueillies à la main, par paires et par niveaux, en commençant toujours par celles du bas. Ces étages s'expliquent par le degré d'exposition à la lumière des feuilles, qui leur donne des propriétés différentes selon la place qu'elles occupent sur le pied de tabac. Ainsi, au sommet de la plante, le rayonnement solaire reçu, la pression de la sève et la teneur en nicotine sont les plus élevés. Inversement, au niveau du sol, ces paramètres sont réduits. Cette discrimination est à l'origine des qualités différentes des feuilles qui seront utilisées, plus tard, dans les cigares. La collecte s'effectue en fonction de ces nuances et de la variété de tabac.

Au moment de la récolte, les plants de Criollo atteignent une hauteur d'homme. Les feuilles, au nombre de 12 à 14, se répartissent en 4 niveaux qui correspondent aux 4 types de tabac mis en oeuvre dans la confection de la poupée du havane, formée de la tripe et de la sous-cape. La cueillette commence par les feuilles du bas appelées par les planteurs fortaleza una (force une) qui correspondent au volado du rouleur de cigares. Le volado sera utilisé dans la tripe pour assurer une bonne combustion. Entre les coupes de chaque niveau, une semaine environ s'écoule afin que la maturité soit optimale. Le veguero collecte, ensuite, les feuilles de l'étage immédiatement supérieur, qui serviront de sous-cape ou capote. Cette enveloppe enserre les trois feuilles de la tripe pour former la poupée du cigare. En remontant, les fortaleza dos sont cueillies à leur tour. Elles donneront le seco qui aura la délicate tâche d'émettre les arômes en se consumant. Enfin, les feuilles de la couronne (fortaleza tres), frottées aux rayons ardents du soleil, fourniront le ligero. Contrairement, à ce que sa traduction en léger laisserait supposer, le ligero donnera au puro sa force. La durée de la récolte aura été d'une quarantaine de jours, après quoi les feuilles de Criollo sècheront un temps au soleil. Les seize à dix-huit feuilles du Corojo fournissent six qualités de capes, réparties en six niveaux. Elles seront récoltées à partir de la base du plant, avec une interruption d'une semaine entre les étages pour qu'elles atteignent leur pleine maturité. Les feuilles du sommet constitueront après séchage et fermentation les capes les plus foncées. Inversement, les feuilles situées près du sol seront les plus claires. Si les arômes du cigare sont émis par le seco de la tripe, il n'en reste pas moins que les capes dégagent une saveur et des parfums peu marqués d'accompagnement. Le Corojo sera récolté durant un mois et demi.

Après la culture, séchage et fermentation

Le cycle de culture du tabac est terminé. Cependant, il reste deux opérations importantes à accomplir sur l'exploitation, le séchage et la première fermentation des feuilles, qui ont pour but de transformer une matière première inodore et sans saveur en trésor aromatique. Une fois récoltées les feuilles sont déposées sur une tablette avant d'être contrôlées et mises dans des grands paniers recouverts d'une toile pour être transportés à la casa del tabaco ou chambre de bonification. Cet hangar en bois, est en fait un séchoir à tabac, ressemblant à ceux que l'on peut voir, en France, dans les campagnes de moyenne Garonne, notamment dans le Marmandais. Une fois sur place, les feuilles sont assemblées par paire grâce à une ficelle passée dans le pédoncule à l'aide d'une aiguille forte, puis posées à califourchon sur une barre de séchage de quatre mètres de long. Lorsque celle-ci est garnies de 50 à 70 paires, selon la nature des feuilles, un ouvrier la fait reposer par ses extrémités sur des poutrelles disposées horizontalement, elles-mêmes fixées à des piliers. Une casa del tabaco a une capacité de 1 500 barres. Les feuilles fraîchement cueillies occupent les parties basses d'une section, puis en fonction de leur degré de dessiccation, elles gagneront les étages supérieurs. Le séchage est réalisé par la circulation de l'air à travers les portes et fenêtres des pignons orientés est-ouest. Ces ouvertures seront actionnées en fonction des conditions météorologiques. C'est une étape délicate car la température doit être maintenue à 22 °C et le taux d'humidité relative à 65-75 % afin que les feuilles restent souples, et ne soient pas tachées de moisissure consécutivement à un excès d'humidité. Ce travail requiert une grande vigilance, les feuilles doivent être examinées et contrôlées scrupuleusement, de leur jaunissement à leur brunissement. Parfois, lorsque l'humidité de l'air est excessive, un dispositif de chauffage au charbon végétal est installé dans les couloirs. La durée de déshydratation des feuilles varie selon leur destination finale, capes ou sous-capes. Un séchage rapide, donne des capes jaunes, tandis que s'il est lent, elles seront noires. Néanmoins, on peut dire qu'au bout d'une cinquantaine de jours, la veine centrale des feuilles est sèche, et qu'elles sont prêtes à entamer le deuxième stade de leur bonification : la fermentation.

L'importance des fermentations

C'est l'étape primordiale où le tabac va révéler aux hommes son extraordinaire pouvoir envoûtant, en libérant ses premiers arômes rustiques. Dans les exploitations tabacoles, seule, la première fermentation est réalisée. La seconde concerne les feuilles de Criollo, et a lieu dans les centres d'écôtage. Une troisième fermentation est subie en tonneau à la fabrique, par les feuilles destinées à confectionner les cigares de marque Cohiba. Mais avant d'en arriver là, les barres de séchage sont déchargées, les feuilles détachées, puis rassemblées par quarante, en gerbes ou gavillas. Elles quittent la casa del tabaco pour un local isolé. Là, dans la pénombre, à un taux d'humidité réduit, elles vont être entassées sur une plate-forme en bois, haute de 30 à 40 centimètres et large de 4 mètres, pour former la pile de fermentation. Celle-ci se dresse à une hauteur d'un mètre maximum pour éviter de gêner la maturation par une trop grande surcharge. Chaque pile ne comporte que des feuilles d'une même coupe car la fermentation est menée différemment selon les types auxquels elles appartiennent. La température maximale mesurée à l'intérieur de la pile et le temps de fermentation augmentent des feuilles basses à celles du sommet des plants, de 32 °C à 40-42 °C, et de 20 à 50 jours. Le tabac dégage alors des arômes ammoniaqués tandis que l'excès de résine s'exsude. Une fois la maturation terminée, les feuilles de Corojo sont emballées dans des caisses de bois ou de carton, tandis que les feuilles de Criollo sont conditionnées dans des caisses de palmier royal ou en sacs de jute. Elles sont alors prêtes à poursuivre leur périple en direction des casas de escogida ou maisons de sélection. Ainsi s'achève le cycle du tabac dans les plantations de la Vuelta Abajo. Le terroir de chaque vega marquera de son empreinte aromatique unique chaque type de feuilles. C'est cette grande variété qui donnera dans les fabriques, après la ligada, un mélange approprié, cette extraordinaire palette de cigares, si différents entre modules de marques différentes, et entre puros d'une même marque.

Situation économique

Pour être complet sur la culture du tabac dans la Vuelta Abajo, il convient de s'intéresser aux conditions économiques, car celles-ci retentissent sur le volume et la qualité du tabac produit. Les vegueros ne peuvent vendre leur récolte qu'à la société Habanos S.A. , qui détient le monopole d'achat du tabac. Celle-ci en fixe le prix et les modalités de paiement, et se charge de distribuer les feuilles collectées aux fabriques de La Havane. De plus, Habanos S.A. détermine les quantités à produire, et encadre les conditions de culture en fournissant graines de tabac et assistance technique. Avec les objectifs de production de 200 millions de cigares pour l'an 2000, les autorités cubaines s'apprêtent à changer les conditions de culture actuellement à l'oeuvre. Les surfaces des champs de tabac ont déjà été augmentées de 15 %, et une nouvelle variété de plant, le Habano 2000, a désormais remplacé le Corojo pour la fourniture des capes. Le Criollo, lui aussi, va être supplanté par son hybride, le habano 92. Ces nouveaux plants plus résistants aux parasites comme le mildiou du tabac (Peronospora tabacina) et les viroses ont, paraît-il, les mêmes qualités organoleptiques que leur prédécesseurs. Il est également question de remplacer les casas de tabaco, ces séchoirs à ventilation naturelle, par des séchoirs artificiels qui permettront de réduire de moitié le temps de déshydratation des feuilles, et de les préserver des détériorations survenant lors des manipulations. Ces efforts de productivité aussi louables soient-ils, restent subordonnés à l'état défaillant de l'économie du pays. L'effondrement du système soviétique en 1992, a mis un terme aux relations économiques privilégiées entre Cuba et les Pays de l'Est européen qui lui achetaient au-dessus des cours mondiaux la grande majorité de ses excédents, notamment de canne à sucre et de bananes et lui fournissaient en retour pétrole, gaz naturel liquéfié et produits industriels. Dorénavant, l'Etat cubain doit les acheter sur le marché mondial à des prix bien plus élevés. Le manque de devises du pays entraîne la réduction drastique des importations, notamment des engrais, des pesticides et de carburant, nécessaires à l'agriculture. Pendant la période de transition, pour ne pas mettre en danger les exportations de cigares, la Cubatabaco avait demandé à cinq distributeurs européens de l'aider. Ceux-ci avaient décidé de financer l'envoi de pesticides et d'emballages. Devant l'insuffisance de ce secours, des accords de préfinancement de la production sous la forme d'acomptes sur le règlement des livraisons ont été signés avec la Tabacalera espagnole en janvier 1994 et en mai 1994 avec la SEITA française. Ces crédits permettent désormais à Cuba, d'acquérir du carburant pour les tracteurs, les matériels et fournitures nécessaires à la culture et à la fabrication des cigares. Souhaitons que la course à la production initiée par Habanos S.A. soit menée dans le respect des rythmes naturels du tabac et conformément au savoir-faire ancestral des planteurs afin d'en préserver toutes les qualités.

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